Après Suva, direction l’île d’Ovalau au nord-est de l’île principale des Fidji. Cette île n’est absolument pas une île paradisiaque comme toutes celles qu’on a pu connaître jusqu’à présent aux Fidji : c’est une île où les gens vivent la vraie vie, une vie tranquille et paisible. Sa ville principale, Levuka, est l’ancienne capitale des Fidji (au XIXème siècle) et il y règne comme une atmosphère d’un autre temps…
Depuis Suva, tout est prévu pour arriver jusqu’à Levuka puisqu’une compagnie prévoit des billets bus/ferry/bus. En 5 heures, on est à Levuka. Vraiment super facile ! En plus, on adore retrouver cette ambiance de backpackers, complètement mêlés à la population locale…
Le ferry, en particulier, est vraiment toute une aventure : le bateau est tout rouillé, les gens crient, chargent d’énormes thons à l’arrache en les lançant sur des camions (regardez bien sur la photo, le thon est en plein vol !), d’énormes engins de chantier entrent on-ne-sait-pas-trop-comment dans le ferry…
Arrivés sur l’île d’Ovalau, la 1ère surprise, c’est qu’il n’y a même pas de route goudronnée sur l’île… nous voilà donc partis sur une piste ! En réalité, il y en a bien une, route bitumée, mais elle est uniquement à Levuka.
L’autre surprise n’en est malheureusement pas vraiment une… En février dernier, les Fidji ont pris de plein fouet le cyclone le plus violent jamais eu dans le Pacifique Sud : l’ouragan Winston. Nous n’avions pas vraiment vu de dégâts jusqu’à présent car le cyclone est passé sur la côte nord-est du pays et donc sur l’île d’Ovalau. Cela a été particulièrement terrible.
Quatre mois après, les conséquences sont encore très visibles : dès notre 1er trajet en bus jusqu’à Levuka, on se rend compte de l’ampleur de la catastrophe. Dans certains villages, il n’y a tout simplement plus une seule maison debout. Partout, des tentes apportées par l’aide internationale sont plantées à côté de ce qu’il reste des maisons, ou pour certains à l’emplacement même de leur maison, dont on ne devine plus que la chape en béton. Les tentes bleues sont celles apportées par la Chine (on reconnaît bien le drapeau chinois qui trône fièrement), les tentes blanches auraient quant à elles étaient apportées par l’Union Européenne.
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Par-ci par-là, quelques maisons semblent avoir résisté… Personne ne sait trop pourquoi, car elles sont parfois parfaitement similaires à la maison voisine. C’est vraiment très touchant de voir tous ces dégâts, de voir les gens travailler un peu partout pour reconstruire des toits, des murs, etc. Les gens sont encore très touchés par cette catastrophe et notre super guide Epi nous raconte à demi-mot à quel point cela a été dur pour lui et sa famille : les consignes sont très claires pendant un cyclone, il faut rester absolument chez soi, coûte que coûte, même si le toit finit par s’envoler. Il nous explique qu’ils ont passé les 3 heures de l’ouragan, enfermés chez eux, avec tous ses enfants sous le lit, à prier que leur maison soit épargnée… Lui est très triste, « surtout pour les enfants » nous dit-il. Ils sont encore traumatisés par cette catastrophe.
Les forêts aussi ont été complètement ravagées par les vents à plus de 300 km/h : le climat tropical a permis à la végétation de reprendre un peu le dessus mais on voit très bien les troncs dénudés, les arbres arrachés... Toutes les cultures ont été détruites, notamment les arbres fruitiers. On a vu des bananes sur le marché de Suva à prix d’or : près de 7 € pour un tout petit régime de bananes quasiment pourries…. Jack et sa famille aux Yasawas nous avaient déjà dit que les prix avaient augmenté très sensiblement après Winston.
Toute l’île a en effet été ravagée en moins de 3 heures, et il faudra certainement des années pour qu’elle retrouve son visage de l’avant-Winston.