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Transsibérien, jour 2. Le passage de frontière.

C’est toujours le moment qu’on redoute ce passage de frontière. Mais là, on a un visa donc quand même, il ne devrait pas y avoir de problème.


Tout commence vers 4h du matin quand Elena nous réveille avec toute sa finesse russe qu’on lui devine à savoir une ouverture violente de la porte de la cabine, une mise en lumière tout aussi délicate et un mot qui sort de sa bouche (100 dB environ) et qui ressemble à peu près à « kycharstkyohz ». D’un côté c’est assez efficace car on se réveille d’un coup. On se prépare à sortir mais non on nous dit de rester dans la cabine. Ok très bien. On attend, on attend. Puis arrivent 2 policiers chinois. Ils nous prennent notre passeport, nous regardent, vérifient la photo et partent avec nos passeports. Bon notre sort en est jeté. On ne sait pas trop ce qu’il se passe et en plus, on n’a plus nos passeports. D’un coup le train se met à repartir tout doucement. Il fait 500 m environ puis s’arrête et repart en arrière vers la gare. Bizarre, bizarre ! Ça bouge dans tous les sens. On entend des bruits de ferraille. Ils doivent changer des wagons, peut-être le wagon restaurant mais on n’en saura rien. Puis on attend…


Notre pote russe se décide alors à demander aux responsables du wagon si on peut sortir. Oui oui c’est possible ! On ne repart que dans 2h. On descend alors sur le quai et on suit Daniel. En fait on suit aussi le flot des personnes du train qui s’avance vers un énorme bâtiment. C’est là qu’on s’aperçoit qu’il y a des gardes partout sur le quai avec des énormes doudounes longues et vertes. On se croirait en Corée du Nord. Ou plongés dans un film de la 2nde Guerre Mondiale. C’est très impressionnant !




En suivant comme des moutons les autres personnes, on arrive dans une grande salle vide avec 2 petits magasins qui vendent nourriture et boissons. Ça y est on vient de comprendre. En fait, ils veulent juste acheter de quoi manger et surtout de quoi boire car on voit tous les Russes ressortir avec des bouteilles d’alcool. Décidément les préjugés semblent se vérifier. Nous on rentre par curiosité et on n’est pas déçu. Dans certaines bouteilles d’alcool exposées, on voit des serpents et autres reptiles non identifiés. Ils sont fous ces Russes !!!


Après cette petite pause « gourmande », on retourne dans le train. Quelques nouveaux passagers chinois montent. Puis on attend encore et encore. Et enfin au bout de 2h environ, on voit nos 2 policiers chinois qui reviennent dans notre cabine et nous rendent nos passeports comme si de rien n’était. Ouf ! Puis le train repart rapidement. Direction la frontière russe désormais. D’après notre planning il n’y a que 20 km environ entre les 2 postes frontière. Pas le temps de se rendormir et puis ça aurait été dommage car le spectacle dehors est intéressant. Il n’y a rien à part de temps en temps quelques gros bâtiments à l’architecture russe plantés au milieu de nulle part et puis des barbelés, beaucoup de barbelés.















On dirait qu’il n’y a pas vraiment une entente cordiale entre ces 2 pays. Effectivement après 30 minutes on arrive dans une nouvelle ville qui pour le coup n’a rien à voir avec les villes chinoises.


Et là rebelote, interdit de descendre. D’abord on voit apparaître un 1er policier (russe bien sûr) dans notre cabine qui nous demande juste notre nationalité. On lui répond et il s’en va aussitôt. Étrange. Un autre policier monte ensuite pour vérifier mon sac à dos noir. Il ouvre, regarde et repart. Encore étrange. Puis 2 policiers montent à bord, prennent nos passeports, nous demandent de nous lever, inspectent avec insistance notre photo. Ils tiquent un peu sur la photo d’Oriane. La femme qui vérifie la photo interpelle son collègue. Oups, Oriane va peut-être voir à quoi ressemblent les goulags !!! Non je rigole. Disons que la photo d’identité d’Oriane date de 2007 et elle a apparemment changé… Et bien sûr ils partent avec nos passeports. Aucun autre document ne nous est demandé. C’est déjà un bon point. Ensuite un nouveau policier arrive avec un chien qui vient renifler nos affaires, sans doute pour chercher de la drogue. Là on espère juste que notre pote russe n’a pas de cocaïne sur lui. ;-)


Puis de nouveaux policiers arrivent. Oui ça devient un véritable défilé militaire. Ces nouveaux policiers sont équipés d’un escabeau, arme redoutable. Ça leur permet de vérifier les couchettes du haut. Malin le Russe ! Une fois la cabine inspectée de fond en comble, le défilé s’arrête et on doit attendre car impossible de sortir. La gare est en effet toute ouverte sur l’extérieur d’après ce qu’on voit par la fenêtre. Et enfin au bout de 1h environ, on nous ramène nos passeports sans poser aucune question. On vérifie et il y a effectivement un tampon avec la date d’aujourd’hui. C’est bon on peut rentrer en Russie.


Nos responsables de wagon nous ordonnent maintenant de sortir et nous dit que le train ne repartira que dans 3h. On décide alors de partir en ville. A nous Zabaikal’sk !





La première voiture que nous voyons est une vieille Lada. Énorme comme entrée en matière ! On prend une rue au hasard qui a l’air assez vivante comme vous pouvez voir.





Il y a quelques magasins. Encore faut-il deviner que ce sont des magasins. Il y a seulement une petite porte. Les fenêtres sont toutes petites et les vitres suffisamment fumées pour ne rien voir à l’intérieur. Autant vous dire que c’est plutôt austère. Certains bâtiments sont complètement à l’abandon et sont même prêts à s’effondrer.



C’est vraiment une atmosphère complètement différente de la Chine : on a vraiment envie de creuser cette culture. Ça tombe bien, on passe une bonne partie de la journée à papoter (ou plutôt à essayer de papoter) avec Daniel : il nous apprend quelques mots de russe, il essaie de nous expliquer comment fonctionne le système de propriété en Russie (le gouvernement possède la majorité des terres et a donné à chaque famille la même quantité de terre… mais on peut quand même acheter de la terre, dans certains cas…mouais, là, on n’a pas tout compris), il nous demande si on connaît la littérature russe, etc. Bref, on est vraiment trop contents de l’avoir rencontré et de partager une grande partie de notre trajet avec lui !


L’heure tourne, on rentre à la gare. Sauf que notre train n’est plus là. Euhhh !!! En fait il n’est plus là où il nous a laissé. Il a juste changé de voie. Sans doute pour changer les essieux. Et oui, l’écartement des rails en Chine et en Russie n’est pas le même. Pratique, non ?? Du coup, ils sont obligés de changer les essieux de tous les wagons à la frontière.



On attend maintenant tranquillement dans la salle de d’attente de la gare que le train veuille bien revenir. Et à l’heure prévue, il fait sa réapparition. Il est 12h. Pas très envie de se recoucher. Alors on mange nos nouilles chinoises. C’est le seul repas qu’on ait acheté donc l’avantage c’est qu’on ne se pose pas la question de ce qu’on va manger à chaque fois.


En changeant de pays, les paysages aussi changent, plutôt radicalement même. Les champs immenses de maïs laissent place désormais à des plaines de steppes, plutôt sèches. Il n’y a à peu près rien. Quasiment pas d’élevage, pas de culture. De temps en temps de belles maisons en bois isolées… C’est vraiment magnifique ! On sent qu’on est proche de la Mongolie, car c’est comme ça qu’on imagine les steppes mongoles.
















Vers la fin de journée, les grandes steppes se transforment en petits vallons tout boisés. Oriane me certifie que ces sont des hêtres mais je n’en suis pas sûr : en fait, elle a bluffé, elle n’en sait rien. Compliqué de demander aux Russes donc on attendra l’arrivée à Moscou pour savoir exactement.



Et encore une fois la journée passe sans qu’on s’en rende compte, ponctuée par quelques arrêts en gare où cette fois-ci on peut se balader tout à fait librement. Et je peux vous dire que ça fait du bien de prendre l’air de temps en temps. Il y a parfait quelques vendeurs ambulants sur les quais, ce qui permet d’acheter autre chose à manger que des nouilles chinoises et surtout de se réapprovisionner en eau.


Toute la journée, le train se remplit à vitesse grand V : notre wagon est quasiment plein maintenant et ça fait du bien de le voir aussi vivant ! Il n’y a quasiment que des Russes et on sent qu’on a affaire à des pros du Transsibérien, ils sont super bien équipés et ils dégainent notamment des rallonges électriques avec multiprise pour avoir l’électricité dans leur compartiment en se « privatisant » les quelques prises du couloir. Mais ils sont super gentils et ils nous invitent toujours à mettre nos appareils dans leur compartiment.


C’est au cours d’un des nombreux arrêts en gare qu’en début de soirée, une femme intègre notre cabine. Une Russe bien sûr d’un certain âge et qui a l’air plutôt gentil. Elle ne parle pas anglais donc c’est Daniel qui fait un peu l’intermédiaire, et sinon, on s’en sort avec des sourires et le langage des mains. Elle s’installe rapidement sur sa couchette en hauteur. L’avantage c’est que Daniel va pouvoir parler russe. Ca va rééquilibrer les débats. On sait juste qu’elle va descendre du train mercredi soir et qu’elle s’appelle Irina.


A 4 dans la cabine, l’organisation a un peu changé mais nos 2 voisins russes restent souvent sur leur lit en haut. On a donc la plupart du temps les 2 banquettes du bas pour nous et surtout la table, essentielle pour notre travail quotidien…


Ce soir, en se brossant les dents en regardant par la fenêtre, Oriane me fait plein de signes : dehors, on croise un train qui transporte des chars d’assaut. On n’en croit pas nos yeux. Bienvenue en Russie !

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