Il y a des jours comme ça où tout va mal, où rien ne nous réussit, où on enchaîne les mauvais choix, et où on aurait mieux fait de rester au lit ! Et bien ce vendredi est un jour comme ça !
Comme un symbole, cette journée c’est le 1er juillet : nous sommes plus près que jamais de la fin de notre voyage puisque notre vol retour pour Paris est prévu pour le 31 juillet… On entre donc dans notre dernière ligne droite et on ne va pas se mentir, entrer dans le mois de juillet c’est déjà un petit coup au moral !
Aujourd’hui, nous quittons donc Levuka et l’île d’Ovalau pour revenir sur l’île principale des Fidji, Viti Levu. Comme à l’aller, il n’y a qu’un ferry par jour et il n’y a qu’un départ depuis Levuka. Jusqu’ici tout va bien. Le seul petit hic, c’est que le départ est à…. 4h du mat’ ! Oui oui, 4h du mat’, ce qui signifie qu’on se lève à 3h30 du mat’. C’est parti pour plus d’1 heure de bus sur une piste où on se fait remuer dans tous les sens. Puis on prend le ferry : contrairement à l’aller, le bateau est bondé, c’est la guerre pour avoir des places assises…et pourtant il fait chaud, extrêmement chaud dans le « salon ». Les gens dorment par terre un peu partout…
On est très surpris du monde dans le bateau jusqu’à ce qu’on en comprenne la raison : ce soir il y a à Suva le match de rugby dont tout le pays parle depuis notre arrivée aux Fidji. Un match de Super Rugby (ex-Super 15) est délocalisé ici aux Fidji : un match entre deux équipes néo-zélandaises, les Chiefs contre les Crusaders… souvenez-vous les Crusaders, c’est l’équipe qu’on est allé voir à Christchurch en Nouvelle-Zélande! La coïncidence n’est vraiment pas banale ! En tout cas, on nous a dit qu’il y a 25 000-30 000 places dans le stade mais cela nous fait trop rire parce qu’on a l’impression que TOUS les gens avec qui on en parle depuis une semaine vont au match… Et là dans le bateau, la plupart des gens partent aussi voir le match ! [On lira le lendemain dans les journées que les commentateurs néo-zélandais eux-mêmes avaient halluciné de l’ambiance incroyable : ils ont dit qu’ils avaient rarement vu autant de ferveur dans un stade !]
Bref, jusqu’ici tout va bien, on arrive même à dormir un peu. C’est après que les choses se compliquent. Nous remontons donc dans le bus après la traversée. Le bus part à Suva mais nous nous arrêtons sur la route à Korovou, cette ville est un nœud routier où on pourra prendre un autre bus. En effet, notre objectif est de prendre la route du nord désormais, la King’s Road, pour continuer notre boucle autour de l’île principale.
Sauf qu’il n’y a pas beaucoup de villes dans le nord et encore moins d’hôtels. On avait bien tenté de contacter un hôtel sur la seule jolie plage de cette côte nord mais il était complet. Il faut dire que pour couronner le tout, cette côte nord a été particulièrement touchée par le cyclone Winston de février dernier… On pourrait même dire qu’elle a été dévastée. Pas un village n’a été épargné, les toits se sont envolés comme des fétus de paille, il y a encore des morceaux de tôle accrochés dans les palmiers, pliés comme si c’était de vulgaires morceaux de papier. Les tentes de secours apportés par les ONG internationales sont extrêmement nombreuses : il y en a quasiment une à côté de chaque maison… Les écoles ont été dévastées. C’est vraiment très impressionnant de voir tous ces ravages.
Bref, après près de 2 heures de bus, nous arrivons à Rakiraki, la 1ère ville sur la route. Notre guide papier indique deux adresses d’hôtels donc on va tenter notre chance. Là, ça se complique : on dirait bien que les gens n’ont jamais vu aucun touriste dans cette gare routière. La ville est relativement petite et on commence à douter de trouver un hôtel. Personne n’a jamais entendu parler de l’hôtel pas cher dont on a les coordonnées mais ils en connaissent un autre… il n’est pas très loin mais on en aurait sans doute pour 1h à pied donc il vaut mieux prendre un taxi. Là, on cède à la facilité et on prend un taxi… ce qu’on ne fait JAMAIS. On ne négocie pas le prix en montant… ce qu’on ne fait JAMAIS. On arrive à l’hôtel : c’est bien celui que nous avions aperçu en bus en arrivant : il est complètement détruit par le cyclone… oui mais non ! Pas complètement : quand on y arrive, on découvre une réception toute clinquante. En fait, on est le 1er juillet et l’hôtel vient tout juste de ré-ouvrir aujourd’hui. Ils ont rénové un seul bâtiment et seules 10 chambres ont été refaites. Tout est tout beau, tellement beau que la chambre est à 165 $ la nuit. Là c’est le vrai début de la loose. C’est beaucoup trop cher pour nous et on ne sait pas quoi faire puisqu’on n’a pas vraiment de plan B. Alors qu’on est en train de discuter devant l’hôtel, une dame ressort pour nous proposer une super réduc et nous propose finalement la chambre à 105 $... Bon, OK, ça devient un peu plus raisonnable (on parle de dollars fidjiens) mais ça reste quand même trop cher et puis on n’est un peu au milieu de nulle part.
On décide donc de reprendre la route. On attrape un bus au bord de la route et c’est parti. Sauf qu’on ne sait pas vraiment où on va trouver un hôtel car il n’y a pas vraiment de ville d’ici quelque 100 km. On décide de ne pas s’arrêter dans la petite ville de Tavua, pour aller jusqu’à Ba. C’est une ville de 18 000 habitants, un seul hôtel est indiqué sur notre guide. On se dit qu’on va quand même bien réussir à dormir quelque part. Sauf que NON, on parcourt la moitié de la ville à pied jusqu’à l’hôtel. Sauf que l’hôtel est… FERME ! Là, ça commence à être plutôt lourdingue. On va quand même demander à des commerçants s’ils savent si on peut dormir à Ba mais non, ils nous confirment qu’il n’y a plus aucun hôtel à Ba, le dernier – et le seul – ayant fermé en début d’année. Par contre, les gens nous papotent un moment car leur fils est ingénieur chez Total et comme on est Français et que Total c’est français, ils sentent comme un super feeling avec nous, ils sont trop à fond, ils nous demandent notre adresse mail et tout et tout.
Bon en attendant, il est midi, on est crevés et on n’a toujours pas de plan B. On commence par aller manger un bout : sur les conseils de nos copains, on va déjeuner dans un restaurant indien populaire. Ça, c’est fait ! Maintenant on fait quoi ? Le problème, c’est que si on pousse à la ville d’après, on se retrouve déjà quasiment à Nadi, notre ville de départ, celle de l’aéroport international : la boucle serait donc bouclée, on aurait parcouru la côte nord en 1 seule journée sans avoir rien vu alors qu’on avait prévu d’y passer 2 ou 3 nuits … Bon bon bon…
Là on se rend bien compte que c’est la journée de la loose et qu’on est incapables de prendre la moindre décision. Du coup, on repousse la prise de décision en allant dans un Internet café pour 1 puis 2 heures : on cherche un peu si on trouve une solution miracle à notre indécision… on trouve un hôtel entre Ba et Navala, un village traditionnel au cœur des Nausori Highlands où on aurait aimé aller mais impossible de réserver un « homestay » chez l’habitant. Allez on se lance, il faut prendre une décision donc on réserve même si l’hôtel, le Starlight Lodge, n’a aucun commentaire sur Internet, même si on n’arrive pas très bien à le localiser… Là encore, c’est quelque chose qu’on ne fait JAMAIS.
Reste maintenant à aller jusqu’à cet hôtel : le 2nd et dernier bus de la journée part à 17h donc on se dirige tranquillement vers la gare routière. La journée commence vraiment à être longue.
A la gare routière, on trouve assez facilement les bus pour Navala sauf que là où les problèmes continuent, c’est que PERSONNE ne connaît ce Starlight Lodge… Non ?! Pfff…. Sauf qu’il n’y a plus de bus qui revienne sur Ba donc si on ne le trouve pas, on est coincés dans les montagnes. Pfff…. On n’a plus vraiment le choix, on se lance !
Et c’est à ce moment-là qu’on vient nous aborder : vous allez à Navala ? Ça vous intéresserait de venir chez moi ? Quoi ???!!!! On n’y croyait plus, on ne savait pas comment faire et voilà qu’on vient nous servir sur un plateau la possibilité de rester en « homestay » à Navala !
Sauf qu’on vient de réserver un hôtel sur la route…. Ah ben mince alors ! Que faisons-nous ? Est-ce qu’on prend le risque de payer la nuit à l’hôtel sans y aller (on ne se souvient pas d‘avoir mis nos coordonnées bancaires…) ? Est-ce qu’on n’attend pas d’abord de voir si cet hôtel n’est pas au bord de la route comme prévu ?
On hésite, on hésite… et on décide finalement de partir avec notre hôte et donc d’aller acheter juste avant de partir un « sevusevu » au marché. Ce sera la dernière et la meilleure décision de la journée ! En effet, aucun « Starlight Lodge » sur la route mais un logement chez l’habitant à l’arrivée.
Il est 18h quand on arrive, il fait nuit et on est complètement épuisés de cette journée complètement folle… Finalement, on est en « homestay » à Navala et on se lance dans une nouvelle aventure incroyable. Mais ça, on vous le racontera dans le prochain article…