Nous ne connaissions pas le kava avant d’arriver ici, mais il est incontournable de la culture ni-van et plus généralement de la culture du Sud-Pacifique.
Le kava, c’est une boisson préparée à partir de la racine d’un arbuste qui s’appelle le kava. Jusqu’ici rien d’exceptionnel. L’arbuste qui donne le kava, ça ressemble à ça… bon, en fait ça ne ressemble pas à grand-chose :
Et au moment de le boire, ça ressemble à ça :
Bon OK, ça ne ressemble pas à grand-chose non plus… ;-)
Entre les deux, la préparation est tout un rituel. Les ni-vans sont très fiers de leur kava car contrairement aux autres îles du Pacifique, ici, il est « frais »… et ça, on nous l’a souvent répété. Et oui, parce qu’au Vanuatu, on ne se contente pas de kava en poudre : tous les jours (j’ai bien dit TOUS LES JOURS), les hommes préparent le kava et ils en ont pour environ 1h30 !!!
Ils commencent par extraire la racine, puis ils la broient, la mélangent avec de l’eau (ne pas voir la tête de l’eau, ne pas voir la tête de l’eau…), la passent à un broyeur à manivelle (le même que pour hacher la viande en France), puis ils filtrent plusieurs fois à travers un vieux tee-shirt (ne pas voir la tête du tee-shirt, ne pas voir la tête du tee-shirt…), puis ils ajoutent un peu d’eau, ils filtrent à nouveau… et c’est prêt ! En général le kava est prêt vers 18h, la nuit noire vient de tomber et les copains vont pouvoir venir le boire.
C’est là qu’entre en scène le « nakamal » : selon les îles et les personnes à qui on a parlé, on nous a donné des explications différentes sur ce lieu important de la culture ni-van. Sur Tanna par exemple, le nakamal est le lieu réservé au chef du village, où les hommes viennent pour rencontrer le chef et discuter des sujets importants de la communauté en buvant du kava. Mais sur Santo et Tanna, le nakamal, c’est l’endroit où on va boire le kava tout simplement : hommes et femmes se mêlent, achètent un verre de kava – servi dans un noix de coco vide - pour quelques vatus et c’est l’occasion de retrouver ses voisins, de papoter, de rigoler (oui les ni-vans rigolent tout le temps). Le nakamal est alors signalé avec une petite loupiote rouge devant. Il y fait en général très sombre et on papote dans la quasi-obscurité. Et puis comme rien n’est grave ici, et bien, quand il n’y a plus de kava, il n’y en a plus : ce n’est pas plus compliqué que ça !
Et ce kava, alors, ça a quel goût ? Difficile de le décrire : c’est assez fort en goût sans être ni bon, ni mauvais, avec un peu un goût de terre. Ce n’est pas exceptionnel et les ni-vans ont parfois l’habitude de boire un peu d’eau ou de cracher après le kava pour atténuer le goût. En fait, comme ils nous l’ont souvent dit : c’est l’effet du kava qu’ils aiment ! Cet effet, c’est tout simplement une sorte de relaxant qui endort. Après plusieurs kavas, l’effet est semble-t-il très important. C’est bien pour ça qu’ils n’en boivent que le soir. Enfin, pas tous…
En tout cas, pour nous, boire du kava a souvent été l’occasion de rencontrer plein de gens adorables, souvent agréablement surpris que des touristes acceptent d’en boire et semblent même l’apprécier.
On vous racontera quelques moments savoureux au nakamal de Port-Olry dans le prochain article…