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Le saut du Gaul : un moment unique

  • David
  • 28 mai 2016
  • 7 min de lecture

Attention : moment fort du voyage !


Ça y est, on a pu organiser notre séjour au Vanuatu… ou en tout cas les 1ers jours. LA super bonne surprise, c’est qu’on est pile-poil au cœur de la saison du fameux saut du Gaul, l’un des rituels les plus spectaculaires du Pacifique. Pour nous, assister au saut du Gaul faisait partie de ces choses complètement inaccessibles qu’on ne peut voir que dans des reportages. Mais si, vous devez déjà avoir vu des images du saut du Gaul : ce sont des hommes qui s’élancent quasiment nus depuis une tour faite de bois et de liane. C'est un peu l'ancêtre du saut à l'élastique.


Bref, cette tradition n’existe qu’au Vanuatu, que sur l’île de Pentecôte, que dans quelques villages du sud de l’île de Pentecôte, que pendant la saison de l’igname en avril-mai et que le samedi…. Et devinez quoi ? On est au bon moment au Vanuatu : reste à aller sur l’île de Pentecôte pour le samedi matin et ce n’est pas si facile car l’île est toute petite et elle n’est desservie par Air Vanuatu que 2 fois par semaine. On n'a pas voulu prendre des packages à 500 € par personne (oui oui vous avez bien lu) vendus à Port-Vila qui font l'aller-retour en avion privé dans la même journée. On a juste pris des billets d'avion et on s'est dit qu'on verrait bien sur place… A Port-Vila on a rencontré Claire, une sage-femme installée à Mayotte qui vient de Nouméa en vacances. On a le même programme et les mêmes incertitudes pour les jours à venir.


Direction donc l'île de Pentecôte !


Tout d'abord on doit prendre un vol entre Port-Vila et l'île de Santo car il n’y a pas de liaison directe jusqu’à l’île de Pentecôte : réveil à 5h du mat’ car les avions peuvent partir en avance au Vanuatu. Jusqu’ici tout va bien car c’est un ATR assez grand.



A Santo, changement d'avion. Et là ce n'est pas la même histoire : c'est un tout petit coucou de 15 places. Moi je suis trop excité à l'idée de monter dans cet avion mais Oriane ne fait pas trop la fière. Mais bon en attendant il faut bien le prendre cet avion. On grimpe donc dans ce petit avion. Le poste de pilotage est complètement ouvert et bien sûr pas d’hôtesse de l'air, c’est le co-pilote qui se retourne et nous donne les consignes de sécurité. Juste trop génial ! Quand on démarre, on hallucine : le pilote ne prend pas de suite la piste bitumée, il part dans l’herbe, ça secoue dans tous les sens : incroyable ! Mais surtout, l'avantage d’un petit avion comme ça, c'est qu'on passe au-dessus de plein d'îles et ça nous donne un aperçu incroyable du Vanuatu.




Sur l'île de Pentecôte, la piste d'atterrissage est au beau milieu de la forêt et l'aéroport se résume à… une petite cabane toute ouverte ! Là, on se dit que ça va peut-être être compliqué de trouver quelqu'un sur place pour nous renseigner. Finalement une personne vient nous aborder et me demande si je ne suis pas David… Euh pardon ?!!


Bon en fait ce que je ne vous avais pas dit c'est qu'on était allé se renseigner dans une « agence » à Port-Vila (oui, je l’ai bien écrit entre guillemets parce que c’était simplement un papi et une mamie derrière un comptoir en bois) avant de partir pour en savoir un peu plus sur le saut du Gaul car c’était très compliqué d’avoir des infos. Bien sûr, ils nous proposaient aussi un package complet mais on trouvait ça trop cher donc on avait laissé tomber… mais j'avais laissé mon nom.


C'est pour ça qu'ils nous ont retrouvés à l'aéroport. Pas fous, ils avaient bien compris qu’on serait complètement sur la paille une fois arrivés sur Pentecôte sans rien réserver. Ah oui, parce qu’il n’y a pas une seule route goudronnée à Pentecôte : l’aéroport est au milieu de la brousse et il n’y a RIEN autour.


Nous voilà partis à l'arrière d'un pick-up tous les 3 (oui on est toujours avec Claire) sur la piste en terre qui longe la mer. Là on réalise qu'on va vraiment le voir ce saut : on ne voulait pas y croire jusqu’à ce que cela se concrétise tant cela semblait compliqué. La pression monte…


Au bout de 30 min, on finit par arriver devant des bungalows tout mignons. Il y a un peu d'agitation, des enfants qui jouent, quelques touristes autour d'une petite cabane (on se demandait d’où ils sortaient… on comprendra plus tard qu’ils sont venus en voilier). Tout le monde semble me connaître et m’attendre : dès que je dis que je suis David, les gens ne sont pas surpris et me font un grand sourire… très étrange comme sentiment ! Finalement, tout le monde savait qu’un David arrivait. On est accueilli par le chef du village, un vieux papi qui parle un peu anglais.


On part ensuite tous ensemble dans la forêt. La pression monte... On cherche des yeux la fameuse construction en bois qui sert à sauter. Très rapidement on tombe sur une petite clairière à flanc de montagne... Et là ça y est on peut la voir enfin : une tour en bois fait de troncs d'arbres, de lianes, de bouts de bois... on ne sait pas trop comment tout ça tient mais bon apparemment ils ont l’air confiant.



Autour de la tour plusieurs hommes s'agitent, tous habillés très, très légèrement. Je ne vais pas vous faire un dessin, les photos suffisent. En fait ils ne portent qu’un tout petit, petit « étui pénien » !



Le lieu est vraiment magnifique entre la vue sur la mer et la forêt qui nous entoure. Très rapidement certains hommes montent sur la tour... mais aussi 2 enfants ! On nous avait prévenus que c'était impressionnant et que des enfants pouvaient sauter mais de les voir à plusieurs mètres de haut juste devant nous, je peux vous assurer qu'on est vraiment impressionné.



Les adultes attachent 1 liane à chaque pied des enfants : on sent beaucoup de concentration. Comme pour se donner de la force, tous les adultes poussent des cris d’encouragement et chantent de plus belle. Autant vous dire que tout le monde retient son souffle. Finalement après quelques minutes, le 1er enfant refuse de sauter. On est presque soulagé. Sensation bizarre.


Le deuxième enfant se prépare, s'avance sur le genre de tremplin et finit par se lancer dans le vide la tête en bas. Tout le monde retient son souffle. Juste avant de toucher le sol, les lianes se tendent et retiennent l'enfant pour éviter qu'il se fracasse par terre. Tout s'est bien passé, il a réussi. Il est félicité par les autres adultes et on peut voir de la fierté dans leurs yeux. Pour les jeunes garçons, réussir un saut du Gaul c’est comme un rite initiatique pour passer à l’âge adulte.


Vient ensuite le tour des adultes : le premier homme rejoint alors un tremplin de saut un peu plus haut que le précédent. On comprend donc qu'au fur et à mesure ils vont sauter de plus en plus haut.


Et là encore même rituel : les hommes se mettent à plusieurs pour l’aider à monter en haut de la tour et pour bien s’attacher les lianes aux chevilles. Un homme – sans doute le chef – vérifie toujours que tout soit bien calé, demande aux autres de chanter plus fort et plus vigoureusement. L’homme prêt à sauter se concentre longuement, il lève les bras au ciel, semble comme implorer le ciel ou le soleil….




... et il finit par se lancer dans le vide ! Le saut est super technique car il faut sauter suffisamment loin de la tour pour ne pas que les lianes vous rabattent contre la tour une fois arrivés au sol. Mais en même temps il ne faut pas sauter trop loin pour ne pas être trop haut quand les lianes vont se tendre. Bref, c'est tout un art.



On retient notre souffle à chaque saut, Oriane ne parvient pas à ouvrir les yeux d’un bout à l’autre, notre cœur accélère… et oui, le risque d’accident est malheureusement assez important. Ils savent très bien comment choisir leur liane mais le risque zéro n'existe pas. D'ailleurs, sur un des sauts, la liane d'un sauteur a cédé : heureusement la 2ème a joué son rôle et tout s'est bien terminé.


On voit sauter ainsi 6 ou 7 personnes. Le dernier saute certainement à plus de 20m de haut. C'est juste impressionnant, époustouflant, incroyable, émouvant... Quelle sensation incroyable que d’être ici !



Les villageois aussi sont venus voir les sauts. La pression doit être encore plus forte pour eux car certaines femmes voient sans doute sauter leurs maris ou bien leurs enfants... A la fin on peut aller saluer et féliciter les sauteurs. Certains parlent français. On leur montre les photos qu'on a prises. Ils sont tous fiers d'eux… Et ils ont bien raison !


Nous, on est encore tout secoué de ce qu'on a vu... Oui on a bien assisté au saut du Gaul et c'est tout simplement un des moments les plus marquants de notre voyage et sans doute de notre vie.


Bon on doit quand même mettre un bémol à tout ça... On a ensuite passé 2 jours sur l’île de Pentecôte (on vous racontera ça dans un autre article), et peu à peu, en parlant aux villageois, on a compris que le saut du Gaul ne se faisait plus que pour les touristes. On n’a pas bien compris quand s’était perdue cette tradition - et si elle s’est même complètement perdue – mais on a l’impression que de nombreux villageois n’aiment pas vraiment ce rituel car il est extrêmement dangereux. Des hommes meurent, d’autres se blessent grièvement… Mais tout n’a pas l’air si simple : eux-mêmes semblent vraiment partagés entre l’envie de faire vivre une tradition connue dans le monde entier et dont ils sont extrêmement fiers, et la dangerosité du saut.


Nous, on reste tout aussi partagés : on a rencontré des gens formidables et la pression touristique reste relativement limitée. Seuls 3 villages continuent à pratiquer le saut, chaque touriste doit payer un droit d’accès de 10 000 Vatus (soit 80 € quand même !) qui est reversé à la communauté. Et puis, on a fait notre petit calcul et on estime à seulement 200-300 personnes le nombre de personnes qui assistent au saut du Gaul chaque année… Le débat reste ouvert.

 
 
 

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