Un des moments forts de tout voyage en Malaisie, c’est une plongée au cœur d’une des forêts primaires les plus vieilles au monde. Le Taman Negara - qui signifie « parc national » en malais - est trois fois plus vieille que la forêt d’Amazonie puisqu’elle a 130 millions d’années contre « seulement » 45 millions pour sa compère sud-américaine.
Pour pénétrer dans son antre, on choisit la manière la plus lente et la plus sympa : le bateau ! C’est donc par un trajet de près de 3h en barque, pour relier Kuala Tembeling à Kuala Tahan, le village au cœur du parc, que nous commençons notre découverte de cette forêt. Ce trajet est une véritable épopée : d’abord parce qu’on est en fin de saison sèche et que le niveau d’eau est donc très, très bas… Le parcours doit être particulièrement éprouvant pour notre capitaine qui doit sans cesse slalomer entre les bancs de sable. Ça touche et on pense d’être échoués à plusieurs reprises mais on finit par y arriver ! Autre particularité de ce parcours : au fil de l’eau, on croise d’abord des singes sur la rive, puis un sanglier bien planqué sur un talus et surtout d’énormes troupeaux de buffles d’eau, tranquillement en train de se baigner. Ils sont tout gris et très différents des buffles qu’on a pu voir jusqu’à présent en Asie ou en Afrique. Bon, sur ce trajet en bateau, on doit quand même avouer aussi qu’on a roupillé malgré la beauté du paysage !
Une fois arrivés à Kuala Tahan, on est agréablement surpris : on s’attendait à une ville super touristique et complètement bétonnée… et en fait pas du tout ! On découvre un petit village tranquille posé au bord de la rivière Tembeling - par laquelle on est arrivé - et d’un affluent, aux eaux plus sombres, la rivière Tahan… Les gens d’ici s’y rafraîchissent et s’y lavent, les enfants y jouent en fin de journée, etc.
Pour les touristes, il y a quelques restaus flottants, quelques guesthouses mais rien de très oppressant. On y trouve même notre hébergement le moins cher de notre voyage puisqu’on ne paye que 20 Ringgits soit 4,50 € !! Notre précédent record en Thaïlande est battu… Bon OK, ici c’est un dortoir pour 4 mais on est tous les 2 donc c’est tout comme si on était dans une chambre double.
Très vite, on se sent bien, très bien ici. On se cale sur la terrasse de la guesthouse et on profite de la belle vue sur la jungle… Bon OK mais on fait quoi sinon ?
On va se renseigner dans les petites agences de la ville pour savoir ce qui est compatible avec mon épaule : on peut oublier le trek de 2 jours dans la jungle avec nuit dans une grotte qui nous faisait tant envie… Et oui, on doit porter tout notre attirail sur le dos donc pas possible pour moi ! On regarde pour les treks avec guide à la journée mais on n’est pas vraiment convaincus… on verra bien demain et si on a des regrets, on prolongera notre séjour ici.
Et le lendemain matin, ô surprise : il pleut fort et la brume est basse… Ah ben mince alors ! On n’y avait même pas pensé à ça… Il faisait tellement chaud et beau hier (et surtout on n’a pas eu de pluie depuis près de 2 mois !!). Le p’tt gars de l’auberge nous dit que ça fait au moins un mois qu’il n’a pas plu une seule goutte ici et que la saison sèche est (était ?) dure… tellement dure qu’un de ces copains a fait une rencontre pas banale lors d’une de ses dernières parties de pêche : un tigre !!!! Et ça, c’est vraiment pas banal : certes, il est connu qu’il reste quelques tigres (600 à tout casser) dans le parc mais ils se tiennent en général très loin des hommes et il est IMPOSSIBLE d’en voir.
Nous, vu le temps, on laisse la matinée passer et on en profite pour organiser un peu la suite du voyage. On se lance en début d’après-midi… et qu’est-ce qu’on a raison ! Le temps s’est un peu levé, et surtout il n’y a PERSONNE puisque toutes les excursions sont parties le matin.
On part donc faire le tour classique avec passage par le Canopy Walkway et l’ascension du petit Bukit Terisek. On confirme donc qu’on peut le faire sans guide. 1ère surprise quand on se lance : en fait le chemin est très bien signalisé et même dallé dans sa 1ère partie, et c’est plutôt agréable pour marcher. Très vite on s’enfonce vraiment dans la jungle. Les bruits de l’agitation de Kuala Tahan laissent place à des bruits d’insectes, de feuilles qui tombent, de grognements … Bref des trucs un peu bizarres. Assez rapidement on arrive à un observatoire positionné devant une petite clairière. Deuxième surprise, il y a des sortes de sangliers (gros débats entre nous pour savoir s’il s’agit de tapirs ou non… mais non !) qui s’amusent dans les quelques flaques d’eau formées par la pluie de la nuit. On se pose un peu pour les observer avant de poursuivre.
Sur le parcours, on rencontre un varan et même une sorte de toute petite antilope alors qu’apparemment c’est assez rare de voir ce type d’animaux sans partir plusieurs jours donc on est tout contents.
Puis on arrive au Canopy Walkway : c’est un pont de singe de plus de 500 mètres de long avec plusieurs plateformes intermédiaires permettant de se reposer et de reprendre notre souffle… Le principe est simple : on marche sur des planches de bois de 10 cm environ de large et on se tient aux cordages et filets situés de chaque côté. Le gros problème c’est que tout ça n’est pas très stable donc ça balance dans tous les sens : assez pour rester debout tout de même mais pas assez pour être totalement en confiance. Mais surtout, on est à 30 mètres de hauteur et c’est juste incroyable ! Oriane n’est pas super à l’aise et moi je ne fais pas trop le malin…
Mais une fois descendus de cette « attraction », la balade est loin d’être terminée et le plus dur nous attend avec notamment une sacrée montée jusqu’en haut d’une petite colline, le fameux Bukit Terisek. Sauf qu’il fait 35°C avec sans doute 90% d’humidité. Je vous laisse imaginer comme on transpire : c’est bien simple, on n’a JAMAIS autant sué, on se croirait tout droit sortis de la piscine tout habillés.
La suite se passe tranquillement. On est toujours aussi impressionné par ces arbres immenses et cette jungle qui parait impénétrable, par tous ces chants d’oiseaux et autres bruits intriguants.
La descente est quand même assez sportive puisqu’il n’y a plus du tout de chemin dallé : on voit que tout a été emporté et que la jungle reprend très vite le dessus. Il y a simplement des cordes de temps en temps pour s’agripper à quelque chose… Assez sportif avec un bras en moins (façon de parler bien sûr) ! Mais surtout, on n’en finit jamais de descendre, puis de remonter, puis de redescendre… Et après quelques heures de marche, on arrive (enfin) comme prévu à une rivière où on se fait une petite halte. Oriane va se baigner toute habillée et moi je fais une petite sieste pour reposer mon épaule. Sur le retour vers le village, on croise des singes et des pics-verts magnifiques, en pleine action avec leur bec.
Bref, on a fait un tour dans la jungle.