On était venu avant tout pour rencontrer les éléphants mais la plus formidable rencontre est sans conteste celle avec les mahouts.
On l’a dit, ils sont tous jeunes et ont une vingtaine d’années. Pour beaucoup d’entre eux, intégrer le Ganesha Park a été une chance unique : tous sont Birmans, immigrés souvent jeunes, et beaucoup n’avait pas vraiment d’avenir avant d’arriver ici.
Parlons d’abord de San : un des plus facilement reconnaissables avec ses couleurs de cheveux improbables et régulièrement changées (en une semaine, on a vu bleu, vert et blond). Quand François s’est installé ici, il était un petit garçon du village d’à côté, plutôt « difficile » : quand il a vu un éléphant passer, il l’a suivi et est arrivé jusqu’à ce qui allait devenir le Ganesha Park… et il n’en est jamais reparti ! Au fil du temps, une véritable histoire « d’amour » s’est tissée avec François qui l’a même adopté, lui et son petit frère, il y a quelques années… San s’est même fait tatouer « j’aime papa » en français dans son dos ! Autre petite anecdote : apparemment, lui qui était fasciné par les éléphants, a quand même été très impressionné voire effrayé la 1ère fois qu’il les a vraiment approchés ! Aujourd’hui, il est mahout et très à l’aise : c’est toujours le 1er à blaguer !
Bon, on ne va pas vous raconter l’histoire de chacun des mahouts (d’ailleurs on les connaît pas toutes…) : ils sont bien marrants parce qu’ils ne parlent pas français mais ne connaissent que quelques mots : un « ça me casse les c* » mémorable avec un accent à mourir de rire que des Marseillais de passage leur ont appris il y a quelques années, mais aussi bien sûr les classiques « bonjour », « merci », « ça va ? », « toi monter sur des éléphants » et un mot de circonstance : « toi, pas tomber ! ». Euh oui oui je fais ce que je peux !!
Tous ont des surnoms pour que les Français que nous sommes puissions mieux les retenir : Milou, Pepito, Tee, et… Lucky Luke ! Non alors celui-là, c’est nous qui l’avons attribué à Ton car il nous a trop fait penser au lonesome cowboy avec sa mèche et son chapeau de paille. François a adhéré donc on espère qu’il va rester ce surnom !
Bon ces mahouts on les a surtout trouvés terriblement touchants et beaux quand ils s’occupent de leurs éléphants : le matin, ils vont les voir (avant l’arrivée des touristes du jour, on avait le droit d’y aller avec eux en tant que volontaire… un de nos moments préférés !), les caressent, vérifient si tout va bien, les toilettent pour leur enlever la terre, les font se dégourdir un petit peu (moment privilégié pour nous aussi !), etc.
Ce sont aussi les mahouts qui vérifient si l’éléphant a la bonne quantité de nourriture (on en a vu trier les bananiers pour que son éléphant n’ait que les meilleures tiges !), si l’éléphant s’est baigné suffisamment longtemps, etc. Mais ne restons pas au pays des Bisounours : le mahout est aussi là pour « domestiquer » l’éléphant et s’assurer qu’il obéisse à ses commandes, donc ils ont aussi une espèce de pique de fer avec laquelle ils tapent l’éléphant si nécessaire (finalement très rare !).
Leurs silhouettes sur les éléphants sont à tomber : on a pris des tas de photos d’eux… C’est la grande classe, non ?
Petite précision de polard : chaque mahout a un éléphant dont il s’occupe principalement mais tous arrivent quand même à se faire écouter par tous les autres éléphants, et il y a aussi des mahouts « remplaçants » qui se forment peu à peu et qui remplacent les mahouts pendant leurs jours de congé par exemple.
Et pour finir, un dernier mot sur mon petit chouchou : Pepito ! David se marre parce que je n’ai fait que parler de Pepito : c’est avec lui que je suis montée sur Yanni (je rappelle que c’est le nom de l’éléphant) le 1er jour, et c’est avec lui que j’ai fait la majorité de mes sorties en éléphant, c’est lui qui m’a couvert le visage de boue dès les 5 premières minutes sur Yanni et on s’est vraiment marré ! Le lycée français international de Bangkok vient de lui consacrer un petit film dans une série sur les jeunes qui font des métiers pas banals, le voici :