Nous voici depuis près de 3 semaines en Birmanie. Nous sommes bien sûr séduits par ce pays magnifique, par les sourires de toutes les personnes rencontrées, par leur plaisir de nous prendre en photo ou de se faire prendre en photo, etc. Mais il y a quand même un MAIS et on en est bien désolés…
Pour tout vous dire, c’est le 1er pays qu’on traverse dans lequel on a senti dès les 1ers jours que le tourisme, et donc notre simple présence ici, était une catastrophe pour l’équilibre de l’économie et donc de la société toute entière : on ressent vraiment que le tourisme est arrivé très, trop vite et en masse… donc il y a ceux qui ont bien compris le pouvoir d’achat des touristes et qui nous assimile à un portefeuille ambulant (tout simplement insupportable !), et il y a tous les autres… Le niveau de pauvreté du pays est parmi les plus forts au monde : plus de 90 % de la population vivrait avec 0,50 € / jour !! Et au milieu d’un tel pays, certains Birmans qui ont accès aux touristes doivent gagner des sommes complètement folles par rapport aux revenus moyens.
En fait, on a compris très vite, dès les 1ers jours à Rangoon, qu’il y avait comme une sorte de « coalition » qui fait qu’en tant que touristes, tu payes systématiquement tout (beaucoup) plus cher… donc celui qui a accès aux touristes gagnent très facilement 10, 100, 1000 fois plus que ceux qui travaillent dans leurs champs, dans leur petit atelier ou autre. Et nous, ça nous met terriblement mal à l’aise !
Au bout de quelques jours ici, on s’est même interrogés sur la légitimité même de notre présence ici en tant que touristes…mais sans doute lâchement et égoïstement, on a continué notre voyage.
Allez j’arrête toutes ces belles paroles, voici quelques-unes de nos expériences :
1ers jours à Rangoon : on achète un paquet de gâteaux dans une belle pâtisserie du centre-ville pour 400 Ks. On arrive à la gare routière, on veut acheter quelques gâteaux avant de monter dans le bus et là, pour un paquet de gâteaux insignifiant, elle nous demande 1000 Ks. Euh… tu rigoles ? On part voir les vendeurs d’à-côté et là, on les voit tous se parler de stand en stand… forcément, on ne comprend rien… et comme par hasard, tout le monde nous demande 1000 Ks pour son paquet de gâteaux ! Pigeon, quand tu nous tiens…
On a rencontré un Canadien, super soûlé par tout ça lui aussi : il est allé faire des courses à une épicerie, le total faisait 150 Ks mais le petit gars tape sur sa calculatrice dans tous les sens… en fait, ça fera 5000 Ks. Quoi ? Il refuse, et le vendeur ne revient même pas sur son prix. Il s’en fout, il préfère ne pas vendre ! En même temps, il suffit qu’un touriste accepte de payer ce prix-là de temps en temps, et ça équivaut à 25 autres ventes : il peut arrêter de bosser !!
A Hpa-An, tous les touristes se retrouvent le soir, à la tombée de la nuit, pour assister à un spectacle assez fascinant : des dizaines de milliers de chauve-souris sortent d’une grotte dans une sorte de défilé ininterrompu pendant environ 30 minutes. Top ! Sauf que là, et bien, il y a un gars qui se plante là, qui tape sur 2 bidons et qui, une fois le ballet des chauve-souris terminé, se met en travers du chemin et demande à chaque touriste de payer… alors qu’il n’avait bien sûr rien dit quand on arrivait puisqu’il faisait semblant de regarder ailleurs… mais NON ! On ne comprend pas pourquoi les gens acceptent de payer : pour nous, faire du « tourisme responsable », c’est refuser de payer ici… Le gars demande 1000 Ks chacun (soit autant qu’un plat dans certains restaus !) et on était une bonne trentaine : si les touristes acceptent ce « racket », demain, un autre sera au niveau des voitures et puis devant l’entrée de chaque monument, et puis devant chaque croisement. On explique donc au gars que NON on n’accepte pas de payer… et il n’insiste pas trop ! Incroyable !
Et puis « the last but not least » (= le dernier mais pas le moindre), la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : notre histoire à Bagan, qu’on vous évoquait il y a quelques jours… Comme quasi toujours en Birmanie, les bus partent dans la soirée et arrivent à destination au milieu de la nuit : notre bus devait donc arriver à Bagan vers 2h-3h du matin et on avait réservé un hôtel à proximité de la station de bus pour pouvoir le rejoindre à pied – et ainsi éviter des négociations sans fin avec un taxi au milieu de la nuit ! Sauf qu’en réalité, le bus s’arrête au beau milieu de nulle part vers 2h-3h du mat’ : oui, oui, pour Bagan, vous devez descendre là, après le bus continue ailleurs vers une autre ville… euh, quoi ? comment ? pourquoi ? mais on est où là ? 2 autres personnes se retrouvent dans le même cas que nous… et nous voilà expédiés hors du bus en quelques minutes… et devinez quoi, 2 taxis nous attendent ! et devinez quoi, ils demandent un prix exorbitant pour nous amener en ville ! En fait, ils nous ont déposés à la gare ferroviaire qui est 10 km en dehors de la ville !! On essaie de négocier avec le taxi mais il sait très bien qu’il est en position de force donc on ne grapille que quelques Kiats. Nous voici donc partis avec lui, complètement DE-GOU-TES : 1ère fois de tout notre voyage qu’on se fait arnaquer comme ça, dans une sorte de racket organisé ! Le gars a vraiment une tête de voyou, il le porte sur lui qu’il n’est pas clean… Il nous laisse devant l’hôtel, on continue de râler et je finis par lui lancer qu’on va aller voir la police demain pour expliquer ce qui se passe… et je relève sa plaque d’immatriculation ! Bref, on va se coucher et on finit par s’endormir, bien décidés à ne pas se laisser faire demain… Là aussi, ce n’est pas vraiment pour les 10€ en question mais c’est une question de principe : NON, les touristes ne sont pas des VACHES à lait éternellement !!!
Le matin, on en dit quelques mots au proprio de l’hôtel qui nous confirme au moins que la course en taxi ne vaut que la moitié… pfff…. Bref, on part donc vers la gare routière, remontés comme des coucous : on fonce vers le bureau de la compagnie de bus (Nyaung U Mann : à éviter !). Le gars est à moitié allongé sur sa banquette donc autant vous dire qu’on vient un peu le bousculer….. et là, commence un grand numéro : on voit défiler un nombre de gars incalculable. Ils nous passent d’autres personnes au téléphone – car eux ne parlent pas anglais – et j’explique à peu près 10 fois notre problème : et là, ils essaient comme ils peuvent de noyer le poisson, de trouver des excuses bidon (en fait, ils nous ont rendu service en nous déposant là parce que là où ils auraient dû nous déposer, il n’y avait pas de taxi !), mais surtout, ils tentent à tout prix de renvoyer la faute sur le taxi. Non, non le problème est simple : le bus aurait dû nous déposer à la gare routière et après, on décide comme des grands où on va et comment on y va !! Ils sont certainement assez déstabilisés parce qu’on a le temps… donc ça dure, ça dure, ça dure… les gens viennent nous voir un peu comme des bêtes curieuses… mais ils restent tous très gentils bien sûr ! Bref, au bout d’un moment, un des gars que j’ai eu au téléphone arrive (avec un 4x4 comme on ne pourra jamais s’en payer !), finit par nous dire que OK, le prix du taxi était trop cher et qu’il va nous rembourser la différence… Et là, en quelques minutes, tout se règle et on finit par nous rembourser la totalité de la course en taxi… Ah ben voilà ! Honnêtement, on en espérait pas tant et on voulait râler surtout pour le principe ! En tout cas, peut-être que la prochaine fois, ils y réfléchiront à 2 fois avant d’arnaquer les touristes…. Ou pas…
Bon, vous l’avez compris, ces quelques mauvaises expériences nous ont laissé un goût amer mais on n’en oublie pas les tas de gens adorables et honnêtes qu’on a bien sûr aussi croisés !