Tout avait pourtant bien commencé. On a pris l’avion à San José au Costa Rica vendredi en début d’après-midi à l’heure prévue. Direction Miami.
Le ciel était plutôt dégagé et on a pu observer les magnifiques volcans autour de San Jose et notamment un lac avec une eau turquoise situé dans un cratère. C’est le lac des cartes postales à voir absolument au Costa Rica. Ensuite, en arrivant à Miami, le pilote nous fait comme un vol-démonstration : on passe au-dessus des Everglades puis on survole tout Miami, les plages, Key Biscayne…
Waow ! Je dis alors à Oriane qu’on a vraiment beaucoup de chance… Mais ça, c’était avant….
S’ensuit alors une succession de guigne. On a été champion du monde.
Vous allez sans doute bien vous marrer en lisant tout ça (et vous aurez bien raison !).
Après avoir atterri à Miami, notre avion s’arrête brusquement sur le tarmac. Le pilote nous dit que la porte de débarquement est occupée par un autre avion mais que ça devrait durer que 10 min. Sauf que ça dure, ça dure, ça dure. Enfin au bout de 35 min, l’avion daigne rejoindre l’aérogare. Il est 18h45. Et devinez quoi, on est complètement au fond de l’avion. Forcément, les grosses américaines mettent 10 ans à sortir de l’avion. En tant que bon français, on garde bien sûr notre calme. Non je rigole. On commence à râler et à les insulter (bon ok en notre for intérieur).
A peine sortis de l’avion, on commence notre course effrénée dans les longs couloirs de l’aéroport. Heureusement, ça fait la 3ème fois qu’on y passe depuis 3 mois donc on connaît un peu.
On court, on court jusqu’à l’immigration. Il y a un monde de fou. Du coup on râle.
On explique alors notre problème à un agent de sécurité et on lui demande de pouvoir passer rapidement les contrôles. Elle nous regarde à peine, nous donne une petite pancarte orange (on ne sait pas pourquoi) et nous dit d’aller faire la queue dans une file d’attente « prioritaire » déjà blindée de monde. On se dit alors qu’elle n’a pas bien compris. On réexplique notre problème. Aucune réaction !!! Pas moyen de discuter.
On hésite un peu mais on se met tout de même dans la file d’attente. En fait on n’a pas trop le choix. On comprend très vite que toutes les personnes devant nous sont exactement dans la même situation. Il est alors 19h et notre avion décolle à 20h.
Commence une attente interminable. 19h10, 19h15, 19h20… A l’approche du contrôle, les gens se partagent entre les différents postes de sécurité. On choisit une file au hasard. Je crois que c’était la file la plus lente au monde. Alors qu’il ne restait plus que 4 personnes devant nous, l’agent de sécurité décide de quitter son poste sans prévenir. On est DEGOUTE. Une autre personne vient le remplacer quelques minutes plus tard... Ca y est c’est à nous. Il est 19h30. On montre alors à l’agent qu’on est pressé. Rien à faire. La sécurité avant tout. Il commence alors à nous poser plein de questions. Nous on bout complètement. On a envie de l’étrangler, sauf qu’on reste bien sûr tout sourire avec lui…
19h35. On re commence à courir. On bouscule, on double, on descend les escalators à fond. On arrive alors à un nouveau contrôle : c’est la douane. Avec une queue encore de fou. On a alors un peu de chance. On brandit notre pancarte orange qu’on avait eue à l’immigration et on passe dans une file spéciale. On se dit alors qu’ils sont un peu moins c* ici les américains.
19h40. La douane est passée sans encombre. On continue à courir. Les couloirs sont interminables. Il faut descendre des escaliers, en remonter, passer 50 portes. Bref, on pense qu’on va enfin arriver aux portes d’embarquement.
Et bien pas du tout. On arrive à … un contrôle de sécurité avec rayons X & co. Comme la 1ère fois, on se dirige vers un agent et on lui explique notre problème pour pouvoir passer plus vite. Je ne sais même pas si cette fois-ci elle nous a répondu cette grognasse (c’est le mot favori d’Oriane pour insulter les américaines !!!). Elle nous a juste montré la file d’attente. On lui demande une file rapide. Elle nous répond qu’il y a 2 files et qu’on n’a qu’à choisir la plus courte. Sans déc* ? Aucune compassion, aucune aide… Rien du tout. En fait tout le monde se fout royalement qu’on rate notre avion. Il est 19h45. On se dit alors que notre seule chance c’est de doubler tout le monde. On commence à aborder les gens devant nous. Ce sont des Italiens. On leur demande à quelle heure ils ont leur avion. Ils nous répondent 20h… Eux aussi sont dans la m*. On accuse alors le coup car on sait qu’on ne peut plus rien faire à part attendre. Alors on attend, on attend. Les gars de la sécurité sont hyper hyper lents.
19h50. On sort du contrôle de sécurité complètement stressés. On se dit que c’est foutu mais on se met tout de même à courir. La guigne revient : la porte d’embarquement est super loin… On doit même prendre un petit métro reliant 2 terminaux. On court comme des fous. On est complètement en sueur. On a des crampes d’estomac…
Enfin on arrive à la porte. Il est 19h55. Rien qu’en voyant la tête de l’hôtesse au comptoir, on comprend que c’est foutu. On a RATE notre 1er avion. Tout s’effondre. On n’arrive pas y croire. Oriane pleure un coup histoire d’évacuer un peu.
Après quelques minutes on reprend nos esprits. Bon maintenant il faut trouver une solution. L’hôtesse, toujours pas aimable (décidément, que des grognasses dans cet aéroport) nous dit qu’il faut se rendre à la porte D37 afin qu’on nous remette sur un autre avion pour Santiago. En passant devant les panneaux d’informations, on remarque qu’il y a un autre vol pour Santiago à 20h50.L’espoir renaît un peu. On voit aussi à ce moment-là que notre avion a décollé en avance à 19h54. What ?!
Alors on se met de nouveau à courir. On arrive à la porte D37. Effectivement il y a un comptoir dédié aux personnes qui ont raté leur avion. Il est 20h05.
On explique notre problème à l’hôtesse qui nous prend en charge. A priori, elle n’est pas surprise du tout. D’ailleurs, des personnes arrivent en continu à ce comptoir. Vu les temps de passage aux contrôles de sécurité, on se doute que des centaines de personnes par jour doivent rater leur avion dans cet aéroport.
Je pense que là encore on est tombé sur la personne la plus lente au monde. En même temps, ses collègues n’ont pas l’air beaucoup mieux. Ils doivent faire un concours. Elle nous propose de prendre le vol de 22h40…. Euhhh comment ça le vol de 22h40 ? On sait très bien qu’en prenant ce vol, on ne pourra jamais avoir notre vol pour l’île de Pâques car on n’avait que 2h de changement à Santiago.
On lui répond que c’est bizarre car on vient de voir un vol pour Santiago à 20h50. Elle a l’air surprise. Elle tape sur son clavier. Taper c’est un bien grand mot. Elle essaie de taper sur son clavier car elle est super lente. Bref, on ne s’énerve pas car on sent que si on l’a brusque, ça ne fonctionnera pas mieux. Au bout de quelques minutes elle nous dit que oui on a raison. En fait ce vol est affrété par une autre compagnie c’est pour ça qu’elle ne l’avait pas vu.
On est en 2016, aux Etats-Unis, des hommes ont marché sur la lune, on a découvert le vaccin contre la rage, des voitures commencent à rouler toutes seules mais non ici à Miami, la personne qui est en charge de remettre les passagers sur de nouveaux vols n’est pas au courant de tous les vols qui partent de son aéroport. INCROYABLE…
Il est 20h25 quand elle nous donne 2 billets d’avion pour le vol de 20h50. Sauf que le vrai problème c’est qu’il faut complètement changer de terminal. Et qui dit sortir d’un terminal dit contrôle de sécurité pour entrer dans un nouveau. On se demande vraiment s’il n’y a pas une caméra cachée.
On se remet à courir pour la 42ème fois de la soirée. On traverse entièrement l’aéroport. On est exténué, en sueur, triste, dégouté… mais il faut courir, courir, courir. Là, c’est l’enfer Vous n’imaginez même pas comme c’est grand un aéroport et comme l’aéroport de Miami est grand. On doit parcourir plusieurs centaines de mètres, voire kilomètres. A FOND. On a mal partout, c’est l’enfer !
20h37. On arrive enfin au contrôle de sécurité pour entrer dans le terminal J. On se rue vers un agent qui contrôle les passeports et les cartes d’embarquement. On lui lance tous nos documents en lui disant qu’on est hyper pressé et qu’on a un avion dans 5 min. Et devinez quoi, monsieur commence à nous faire la morale en nous disant qu’on lui empêche de faire son travail, que ça ne sert à rien de courir, qu’il faut rester calme. A ce moment-là, autant vous dire que son discours moralisateur ne passe pas DU TOUT. Le gars ne bronche pas d’un pouce, ne s’arrête pas de parler et de nous faire perdre du temps. On n’en croit pas nos yeux. On se dit qu’on est maudit. Il n’a aucun mot gentil, nous donne aucune aide. Il s’en fout COMPLEMENT. Perdus pour perdus, on passe devant tout le monde aux contrôles de sécurité. Oriane est en pleurs, les gens sont super gentils avec nous… On met une stratégie en place. J’envoie Oriane en éclaireuse et moi je me charge de récupérer toutes les affaires.
Après les contrôles, Oriane, en chaussette (et oui il a fallu enlever les chaussures) part en courant vers la porte d’embarquement. Il est 20h45. Ce terminal est quasiment vide et les quelques personnes présentes se demandent vraiment pourquoi elle court en chaussettes comme une dératée. En approchant, l’hôtesse lui dit « Santiago ? Go, go, go !!!! ». Ils l’a font courir pour qu’elle rentre à fond dans l’avion… sauf qu’ils se rendent compte que ce ne sont pas vraiment des billets qu’on a. Ils doivent nous enregistrer, ils prennent nos passeports. Entre-temps, moi je récupère toutes les affaires tant bien que mal et me précipite également vers la porte d’embarquement. Quand j’arrive, le gars est en train de se débattre avec nos passeports et les talkies walkies pour nous laisser entrer : il demande au capitaine qui… refuse de nous faire monter dans l’avion. Les portes viennent de se fermer, c’est trop tard ! Ça s’est joué à 1 minute, l’avion est juste là devant nous et on vient de RATER un 2ème avion en moins d’1 heure ! Oriane s’effondre en larmes : trop de stress, trop mal partout, trop de faux espoirs, trop dommage de le rater de si peu, trop râlant de savoir que c’est peut-être le vieux c* du contrôle de sécurité qui nous l’a fait rater avec son discours moralisateur.
Bon en fait on peut faire un résumé facile de nos émotions : quand on court Oriane ne pleure pas et quand on ne court pas Oriane pleure !!
Cette fois-ci heureusement on tombe sur une personne gentille qui comprend notre désarroi car on sait très bien qu’on ne pourra pas avoir notre vol pour l’île de Pâques. Maintenant c’est certain. Il nous confirme qu’on est enregistré sur le vol de 22h40. Et devinez quoi il faut retraverser tout l’aéroport de nouveau. Il nous confirme aussi qu’il n’y a pas de sitôt d’autre vol vers l’île de Pâques avec des disponibilités…
Cette fois-ci on a un peu plus de temps donc plus besoin de courir. On refait le match pour essayer de comprendre comment on a pu rater 2 avions en moins d’1h. Et là, des dizaines de « si » surgissent à notre esprit : si on n’avait pas choisi cette file au tout 1er contrôle d’immigration, si on avait plus insisté pour passer devant tout le monde, si…
Il est 22h15 quand on commence à embarquer pour Santiago. L’avion est quasiment vide. On est exténué, on a faim et soif. On s’endort rapidement.
8h45 le samedi on atterrit à Santiago. L’arrivée à Santiago est superbe : on survole les Andes et c’est TOP ! On réalise qu’on a quand même beaucoup de chance d’être là…
Après l’atterrissage, on se presse quand même avant d’avoir la confirmation que le vol pour l’île de Pâques est déjà parti.
On passe les services d’immigration sans problème puis on a un mauvais pressentiment. Où sont nos bagages ? A l’île de Pâques comme prévu ? A Miami car on n’a pas pris le bon vol ou bien à Santiago car ils nous ont suivis ?
Devinez quoi, ce n’est pas la dernière solution qui est la bonne. On se renseigne auprès d’un comptoir American Airlines et on nous répond que nos bagages sont à… Miami ! Et que le prochain vol Miami – Santiago est… le lendemain ! Ou plutôt, mon sac est à Miami et celui d’Oriane, ils ne savent pas. Comment ça ils ne savent pas ? Mais qu’ils sont nuls…
On pensait avoir touché le fond mais pas du tout. En plus d’être bloqués à Santiago, nous n’avons pas nos bagages.
A partir de ce moment-là, nous ne rencontrons que des personnes d’American Airlines hyper gentilles et toujours prêtes à nous aider. Ça change vraiment de Miami. Un immense merci à elles : Elizabeth, Denisse et Isabel, on vous aime !
On nous explique alors tout le processus qui va se mettre en place. La mauvaise nouvelle c’est qu’il y a qu’un vol par jour pour l’île de Pâques et que les vols des prochains jours sont tous complets. On nous place donc sur liste d’attente. La bonne nouvelle c’est qu’on nous paye l’hôtel et les repas. Et pas n’importe quel hôtel car on est au Hilton. Et on nous dit aussi qu’on peut dépenser 100 $/personne pour des vêtements, brosses à dent et autres produits de 1ère nécessité à cause du retard dans nos bagages.
Notre « mission « est donc simple, on doit se rendre tous les matins à l’aéroport pour vérifier si on peut prendre le vol du jour pour l’île de Pâques si des places se libèrent…. Et pas sûr qu’on puisse partir avant mardi ou mercredi ! Là, on accuse quand même de nouveau le coup, mais bon, il n’y a plus qu’à attendre maintenant.
D’abord on a 2 urgences à gérer :
annuler notre logement à l’île de Pâques car ils devaient venir nous chercher à l’aéroport ;
contacter Zip World, l’agence qui s’occupe de nos billets pour savoir s’il est envisageable de décaler le vol retour. Comme on est en très haute saison, cela semble peu probable (ou peut-être qu’on devra le décaler de 2 semaines)
…. Sauf qu’il n’y a pas de wifi dans cet aéroport ultra-moderne de Santiago. Incroyable !! Même la majorité des cafés et restaus n’en a pas ! On finit par aller prendre un café dans le seul café qui a le wifi et on envoie nos mails. Ouf !
Autre chose à gérer aujourd’hui : on doit donc s’acheter quelques vêtements & co puisqu’on n’a rien. Sauf que dans un aéroport, le choix des boutiques est très limité… On se retrouve donc à acheter des tee-shirts souvenirs du Chili dans les boutiques de souvenirs de l’aéroport (ils sont top !). Oriane en profite aussi pour s’acheter une super veste polaire/imperméable. Puis on finit par aller faire un tour à la pharmacie où on fait aussi une razzia. Heureusement qu’on avait pris des sous-vêtements de rechange avec nous : on se disait que les bagages ne suivraient peut-être pas jusqu’à l’île de Pâques… on n’avait jamais imaginé que nous non plus !
Vers 15h30, on part vers l’hôtel en taxi privé ultra-classe. On découvre donc le Hilton de l’aéroport : grand et belle chambre tout confort, super repas au restau de l’hôtel le soir. Il y a même une piscine, un sauna et un jacuzzi couvert mais on n’a pas nos maillots. C’est ballot ! Là, ça nous fait plutôt rire (jaune).
Le camping de l’île de Pâques nous a répondu : ils ont des disponibilités pour tout le mois de janvier. Ouf ! Par contre, on est toujours sans nouvelles de Zipworld donc on ne sait pas si notre vol retour peut être décalé. Notre séjour à l’île de Pâques risque donc de se réduire sensiblement……….
Demain, un taxi vient nous chercher à l’hôtel vers 7h50. Direction l’aéroport où on devrait récupérer nos bagages puis aller voir si des places se libèrent sur le vol du jour. Si non, on devra revenir lundi, puis mardi…
Bref, demain est un autre jour !
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