Bon, autant vous le dire de suite, on a galéré pour rejoindre la côte caribéenne du Nicaragua tout à fait à l’est : avec ses îles paradisiaques (les fameuses Corn Islands) et toutes ses communautés indigènes, elle nous fait rêver malgré ses très grandes difficultés d’accès ! En effet, tout l’est du pays est globalement très peu accessible et habité. Il y a pourtant des villages de pêcheurs sur toute la côte mais AUCUNE route n’y arrive. Sur le principal axe, la route s’arrête à 70 km de la côte et il faut continuer en bateau sur le Rio Escondido.
Nous sommes donc partis de Matagalpa samedi avec comme 1ère destination prévue pour le soir la ville de Juigalpa, une ville-étape sur la route. Là, déjà, tout ne s’est pas passé comme prévu. En effet, nous devions changer de bus (ça, OK, on a l’habitude !) mais là, on nous a déposés non pas à une gare routière mais au bord d’une route très passante à une sorte d’arrêt où plein de gens attendent. On se met donc en position « offensive » pour bien voir la destination des bus qui passent (la destination est en général écrite en très gros sur l’avant du bus). Mais on comprend très vite quel va être le problème : les bus arrivent de la capitale, Managua, qui n’est qu’à 30 minutes de là et ils sont archi-bondés ! On assiste alors à des scènes surréalistes de personnes qui entrent en force dans des bus bondés avec des bébés dans les bras, des bagages, etc. Bon, il y a aussi beaucoup de Nicaraguayens comme nous, qui ont des valises et qui ne savent pas bien comment faire. Après 2 échecs, 1h30 d’attente et le stress qui monte car il est plus de 16h, on est ultra-motivés quand on voit un 3ème bus arriver : celui-là, on ne le lâche pas. On commence à monter, sacs sur le dos en poussant, quand les p’tts gars du bus se décident à nous ouvrir la porte du fond et à nous faire monter par l’arrière : on lance nos sacs, on grimpe et c’est parti ! On n’est pas si mal installés, mais on est debout, comprimés contre nos voisins. Un vrai RER A bondé (heureusement qu’on a de l’entraînement)… sauf que là, on en a pour 3 heures !!
Bon finalement, à force de montées et descentes d’autres passagers, on finit par être moins serrés, par pouvoir s’appuyer et même par s’asseoir. La 2nde bonne nouvelle, c’est que le bus roule super vite et qu’on arrive même plus tôt que prévu. Il est tout de même 19h et il fait nuit depuis un bon bout de temps… Heureusement on se trouve une petite « hospedaje » mignonne pour dormir et on se régale de bons plats de grillade !
Le lendemain, c’est reparti mais avec comme objectif cette fois d’arriver à l’Océan en 2 étapes : bus jusqu’au bout de la route à la ville de El Rama puis bateau jusqu’à Bluefields. Le bus est censé durer 4 heures mais, super confiants suite au trajet de la veille, on se dit qu’il va être plus rapide. Là, on est tombé de (très) haut car nous ne regagnons El Rama qu’après 4h30 de bus interminables, avec un bruit d’enfer en permanence entre la radio à fond, les gens qui parlent fort, crient et rigolent, etc. Et pour couronner le tout, plus on avance, plus le temps se gâte, le ciel se fait gris et il se met même à pleuvoir.
Quand on arrive à El Rama, le dernier bateau régulier est déjà parti mais heureusement, une « panga » (nom des bateaux à moteur ici) pourrait partir s’il y a un nombre suffisant de passagers. Il y a déjà plusieurs locaux intéressés, prêts à partir avec leurs petites valises. Quelques tractations plus tard, bingo ! le bateau va partir ce soir. Super bonne nouvelle !
Nous voici donc partis pour 1h30 de panga sur le Rio Escondido. Dernier coup de pas-de-chance de la journée, à peine assis dans le bateau, une averse monstrueuse s’abat sur nous. On nous donne une bâche pour nous abriter un peu mais en avançant, la pluie est terrible et nous fouette à travers la bâche. Là, on se met en position « off », on ne réfléchit plus, on baisse la tête et on attend que ça passe.
Heureusement pour nous, ça ne dure pas longtemps et on peut donc profiter de ce trajet magnifique et… hors du temps. En effet, les rives de ce fleuve, très large et en eau profonde, sont habitées : on voit très régulièrement des maisons qui se résument à des cabanes en bois sur pilotis. On a rarement vu des endroits aussi isolés, aucune route ni aucune piste ne dessert ces habitations qui ne sont donc accessibles qu’en barque. On voit les enfants jouer autour de la maison comme si de rien n’était, le linge étendu dehors, les bananeraies qui semblent envelopper ces maisons, etc. Extraordinaire !
Nous arrivons donc à Bluefields, la plus grande ville de la côte caraïbe du Nicaragua, peu avant la tombée de la nuit. Cette ville aux accents très caribéens a été entièrement détruite par un cyclone en 1988 qui l’avait complètement rayée de la carte : tout a donc été reconstruit depuis et les jolies églises sont désormais en béton.
Epuisés de ce trajet – et un peu déprimés aussi par le temps pourri – nous décidons de nous poser un peu à Bluefields. Ça fait du bien ! On arrive même à voir un peu le soleil entre 2 averses…
Demain, on va tenter de partir vers Pearl Lagoon en bateau, une petite ville au nord de Bluefields, à partir de laquelle on espère pouvoir visiter des communautés indigènes.