Après les grottes de Candaleria, nous pensions pouvoir rejoindre directement le nord de l’Altiplano guatémaltèque, mais que nenni ! Cette région très reculée n’est apparemment pas du tout desservie en bus, certains nous disent même que nous devons repasser par la capitale pour rejoindre l’Altiplano, soit un détour de plusieurs centaines de kilomètres. Nous nous lançons finalement dans un itinéraire bis, qui passe par le sud de l’Altiplano et qui est un peu incertain car nous n’avons que peu d’indications sur l’état des routes et des villages en cours de route : mais nous savons qu’il y a des bus, et c’est bien là l’essentiel !
Nous voici donc partis, ce vendredi 13 au matin depuis Chisec : 5 bus et près de 8h de trajet plus tard, nous arrivons à Nebaj (prononcer « nébarr »).
Cette journée est quelque peu éprouvante car une partie du trajet se fait sur une piste mais les paysages sont magnifiques, la route passe parfois à flanc de montagne, on traverse des villages très reculés, on fait une chouette expérience culinaire à la gare routière d’Uspantan (légume avec une apparence d’avocat mais qui se mange cuit, chaud, et qui a alors le goût et la texture d’une pomme de terre cuite)… Nous rencontrons une famille ixil qui va aussi de Cobán jusqu’à Nebaj : ils nous prennent sous leur aile à chaque changement de bus. Trop mignon !
Comment pourrions-nous oublier cette arrivée à Nebaj : la nuit commence à tomber, un mélange de brume et de bruine enveloppe cette petite ville de montagne assez animée. Et cela a un charme fou ! Comme dans toutes les villes du pays, on se repère très vite à partir du « parque central » avec la belle église toute blanche, la mairie et la place sur laquelle tout le monde se retrouve.
Ce qui fait la particularité de Nebaj, c’est le fait qu’elle est au cœur de la région ixil : c’est le nom des Mayas de la région, très fortement touchée par la répression gouvernementale des années 80 et par la guerre civile, mais qui a conservé toutes ses traditions. Les femmes portent donc toutes de superbes « huipiles » tissés et rouges : elles ont toujours la jupe rouge et même si les jeunes générations tendent à abandonner les hauts traditionnels, les femmes plus âgées portent également une tunique ainsi qu’une coiffe avec des bandeaux tissés, ornés de pompons et dans lesquels les cheveux sont entremêlés. Extraordinaire !
Autre expérience haute en couleurs et odeurs : le marché. Le dimanche matin en particulier, la ville est très animée car tous les ixiles de la région viennent à Nebaj pour faire leur marché : des étals de fruits, de tortillas (bien sûr !), de tacos, de « huipiles », etc. A la gare routière, il y a plein de grands bus tous colorés qui font une des richesses du Guate mais qu’on n’avait pas vus depuis bien longtemps ! Et incroyable : on entend un cochon brailler fort, on le cherche… et il est en fait sur le toit d’un minibus, bien attaché : ils l’ont simplement un peu couvert sous une bâche (pour le protéger de la pluie ?) mais il a son museau dehors. Bon, on espère quand même qu’ils ne vont pas trop loin comme ça.
On restera finalement 2 nuits à Nebaj, d’abord parce qu’on est épuisés de notre journée de bus, parce qu’on aime se balader dans cette ville hors des sentiers battus, mais aussi parce qu’on trouve un super hôtel tout mignon à seulement 75 Qtz la nuit (soit 9 €), le Villa Nebaj – logement le moins cher depuis le début de notre tour du monde !
Et enfin on n’oubliera jamais Nebaj car, malheureusement, c’est ici dans notre hôtel en allumant par hasard la télé qu’on a appris l’horreur des attentats de Paris...