Comme prévu, nous sommes partis en trek pendant 5 jours au milieu de la jungle pour découvrir le site maya de "El Mirador", un des sites mayas les plus importants mais pourtant toujours quasiment pas découvert et accessible uniquement à pied.
Voici le récit jour par jour (c’est un peu long mais en même temps c’était notre seule activité pendant notre temps libre) :
JOUR 1
Le réveil sonne à 4h car il faut être prêt à 4h30. Il faut préparer uniquement 1 petit sac avec quelques affaires de rechange et 1 bouteille d'eau. Assez compliqué de faire des choix. On prend surtout quelques médicaments pour la turista au cas où. Lol.
Finalement on vient nous chercher qu'à 5h. On se croirait presque en Afrique. On nous amène à la gare routière avec un jeune couple de Hollandais, Rik et Lotte, avec qui on va passer ces 5 jours. Si si il y a bien des touristes hollandais au Guatemala. On rencontre alors notre guide : Maria, une femme de 60 ans à l’énergie folle et qui a-do-re marcher (« a mi me gusta caminar »).
On prend ensuite un « chicken bus » (= bus pour les poulets car on est censés être très serrés). C'est comme un combi mais en plus grand mais heureusement on n'est pas serré du tout. On a 85km à faire et on met… 4h !! En fait ce n'est pas une route mais de la piste. Le bus s'arrête tout le temps et ça secoue en permanence. On trouve le temps un peu long mais on arrive enfin vers 9h dans un tout petit village au bout du monde, Carmelita. C'est assez surréaliste.
Bonne surprise on nous propose un petit-déjeuner dans le petit resto du coin, une cabane assez sommaire. C'est Brenda à la cuisine (non, non Raph, ce n’est pas une blague !) : on apprécie ce petit-déjeuner à base d’omelette, purée d’haricots & co, qui nous permet de reprendre des forces avant le grand départ !
Bizarrement on ne part pas tout de suite. Il faut en effet préparer les 3 mules qui porteront la nourriture et les tentes pendant 5 jours. C'est Alfredo (qu'on surnomme rapidement "Luigi" du jeu Mario Bros à cause de sa casquette) qui mène les mules.
Départ finalement à 12h30 : notre objectif est de rejoindre Tintal à 24 km. La piste serpente au milieu de la jungle. Il fait très, très chaud et très humide. Des tas de moustiques font leur apparition. On est obligé de boire toutes les 30min pour compenser ce qu'on perd en sueur. Mais on est tellement excité.
On marche ainsi pendant 4h30. L'orage gronde et il pleut de temps en temps. Mais comme il fait 40 degrés ce n'est pas très grave. On entend toutes sortes d'oiseaux et surtout des singes hurleurs. C'est assez impressionnant. On peut les entendre à des kilomètres à la ronde. On a aussi la chance de croiser 2 serpents. David est au taquet, lui qui rêve d’en croiser à chaque rando ! Le 1er est mort et tout petit et l'autre est bien vivant et beaucoup plus gros (entre 1 et 2 m) : il s’agit d’un « Barba Amarilla ». La guide s'est arrêtée net quand elle a vu et elle nous a fait reculer de quelques pas. Apparemment c'était un serpent mortel. On a alors attendu gentiment qu'il s'éloigne avant de continuer.
Notre guide Maria est vraiment top, un vrai amour ! Elle est très attentionnée avec nous et nous montre plein de choses intéressantes sur la nature (arbre officiel de Guatemala, arbre pour le thé...) et l’histoire des Mayas (tunnels fabriqués soit pour récolter l'eau soit pour se protéger pendant la guerre...).
Vers 17h on arrive dans un 1er camp à Tintal, ce n'est pas celui des touristes mais celui des archéologues. Mais comme il commence à pleuvoir fort et que la nuit approche (beaucoup plus de serpents et des arbres peuvent tomber), notre guide préfère s'arrêter là.
A notre grande surprise, il y a une sorte de gardien qui dort ici. Le camp se compose d'une succession de petits abris sous bâche avec quelques planches de bois qui servent de tables et chaises. On va donc dormir au sec. C'est une bonne nouvelle. Maria nous propose du café et très vite on se met à table. Il est 18h !!! Au menu : nouilles chinoises. Ah oui notre guide est aussi notre cuisinière.
A 19h on est prêt à aller au lit. Il faut dire qu'il n'y a pas grand chose à faire ici au milieu de la jungle. Malheureusement pas de matelas ce soire. Ça c'est la mauvaise nouvelle mais on s'endort quand même assez vite car on est crevé.
JOUR 2
Lever à 5h30. Maria est déjà au taquet pour nous préparer le petit-déjeuner. Au menu frijoles, le plat typique guatemaltèque : ce sont des haricots noirs cuits sous forme d'une pâte épaisse pas très appétissante… mais pourtant c’est très bon !
Départ à 7h pour une longue journée car on doit visiter les ruines de Tintal et rejoindre ensuite El Mirador à 30 km.
En fait la visite de Tintal se résume à une pyramide – Henequen, ça ne s’invente pas ! - encore sous la végétation. Mais la vue depuis le sommet est incroyable. On peut voir de la jungle à perte de vue et des monticules au loin, qui sont les temples principaux du Mirador.
Ensuite on marche longtemps, très longtemps. Il fait toujours aussi chaud et humide. La jungle est très épaisse. On a au maximum quelques mètres de visibilité et de toute façon, il faut regarder sans arrêt nos pieds pour vérifier où on marche… On est plutôt en mode automatique.
Heureusement quelques animaux viennent perturber cette monotonie dont notamment, outre les singes, un bébé tortue, une grenouille, une espèce de truc assez incroyable entre l’iguane, la mante religieuse et un mini-dinosaure (elle était sur le point de pondre dans un trou) et… un serpent ! Celui d’aujourd’hui est assez petit (60 cm de long) mais ce qui est incroyable c'est que c'est uniquement la 3ème personne qui l'a vu. Les 2 premiers l'ont enjambé sans le savoir : il s'agit d'un « cascabelle » et comme il est apparemment mortel, Alfredo préfère le tuer avec sa grosse machette. Il a peur pour ses mules. Et comme dit Maria, 1 serpent tué c'est une vie humaine sauvée. Bon nous on est un peu sceptique…
Finalement on arrive après 6h de marche effective aux 2 premières pyramides d'El Mirador, sur le site de La Muerta. On peut entrer dans le monument funéraire par un tout petit passage, en se mettant à quatre pattes. On se croirait vraiment dans Indiana Jones ! Les ossements ont été retirés donc il y a juste une petite pièce vide avec quelques chauves-souris et de grosses araignées.
Après cette petite pause on remarche pendant 30min avant de rejoindre le véritable camp du Mirador. Il est 15h30, il fait beau, on arrive dans une belle clairière où se côtoient les mules et dindons-paons (ou dindons ocellés, espèce endémique, très beaux !) : c’est la délivrance après cette journée de marche ! Ce camp est un peu plus "sophistiqué" avec quelques bâtiments en dur (les laboratoires pour les archéologues). Nous on plante nos tentes sous un des nombreux abris sous bâche mais la bonne nouvelle c’est qu’on aura de bons matelas en mousse... Il y a même une douche bricolé avec un bidon d'eau. On ne se fait pas prier pour y aller tellement on se sent gluant et plein de sueur. C'est la meilleure douche depuis bien longtemps.
Maria se met rapidement aux fourneaux. Il faut faire vite car elle veut qu'on mange avant d'aller voir le coucher de soleil depuis une pyramide. Elle nous cuisine des pates avec une sauce à base de tomates. Après une telle journée c'est juste ce qu'on voulait.
17h30 départ pour le coucher de soleil. On marche 10min avant de découvrir notre 1ère pyramide d'El Mirador : la Pyramide del Tigre. On la croit encore sous la végétation mais après quelques mètres d'escalade on découvre une plateforme en cours de restauration. C'est assez magique. Il faut encore gravir une autre pyramide avant d'atteindre le sommet. La pente est forte mais la vue depuis le sommet est exceptionnelle. On se sent vraiment au-dessus du monde. Par-ci par-là on peut voir des petites collines et on comprend qu'il s'agit de pyramides enfouis sous la végétation. C'est assez émouvant et on oublie même que le soleil n'est pas au rendez-vous. C'est comme si la nature avait repris ses droits.
Pas de folie non plus ce soir si ce n'est qu'on rencontre un autre groupe de 2 touristes. Il y a un jordanien et un colombien. Leur guide n'est autre que le fils de Maria, Alex.
JOUR 3
Aujourd'hui journée plus cool. Objectif : déambuler sur le site du Mirador pour visiter les différents édifices. On se sent tout fatigué et courbaturé. Trop bizarre.
Le réveil sonne tout de même à 5h pour aller voir le lever du soleil à la pyramide du tigre. De là-haut et alors qu’on est à moitié endormis, on peut entendre la jungle s’éveiller : magnifique ! Le soleil apparait juste derrière La Danta la plus haute pyramide d'El mirador et surtout de toute la civilisation Maya.
Après un bon petit-déjeuner, on se dirige vers La Danta, le clou de la visite, à 1h de marche environ.
Sur le chemin on découvre quelques pyramides en cours d'excavation. On peut ainsi apprécier le travail des archéologues. C'est toujours aussi magique de voir ces pyramides à moitié ensevelies.
La base de la pyramide de La Danta fait 17 terrains de foot donc autant vous dire que quand on est au pied on ne voit pas grand-chose et surtout pas le somment tellement la végétation est dense. On grimpe alors 1 à 1 toutes les marches. La pente est impressionnante. A chaque fois qu'on pense être au sommet on doit escalader une autre pyramide. Avec la fatigue et la chaleur, les sensations se décuplent. On est tout excité et à la fois impressionné par cette immensité. On finit par un escalier en bois quasiment à la verticale. Même Oriane n'a pas le vertige. Après ce dernier effort, on y arrive enfin au sommet du monde Maya. L'émotion nous gagne, on en a les larmes aux yeux tellement c’est beau. On est sur le sommet de la pyramide, une petite plateforme de 10 m² à 72m de hauteur. La vue est incroyable. We did it !
On profite pendant 1h quasiment de ce panorama. On ne veut plus partir. C'est fou de se dire que des hommes ont été capables de construire de tels monuments sans matériel et qu’ils ont traversé les âges.
Le reste de la journée, et après une sieste, on monte et descend une dizaine de pyramides plus ou moins bien restaurées. Sur certaines, on découvre des sculptures mayas, dont il reste encore les couleurs sur certaines : ici on peut grimper sur les pyramides, toucher les vestiges de céramiques, etc.
On se pose longuement en haut de la pyramide des Monos (= singes) : on papote avec Rik et Lotte et d’un coup, des singes hurleurs nous font un concert juste à proximité. Toujours aussi incroyables d’entendre ces sortes de rugissements !
On revient finalement le soir à notre camps exténués mais avec des images incroyables plein la tête.
Alors qu'il faisait nuit et qu'on finissait de manger tous ensemble avec les autres touristes, Alex qui était parti à sa tente nous appelle en nous demandant de venir vite car il avait trouvé un nouveau serpent. C'est un petit serpent corail. Heureusement trop petit pour être venimeux. On peut donc le prendre dans les mains. David est aux anges.
JOUR 4
On est un peu triste car c'est le retour. Il nous tarde maintenant de revenir à Carmelita.
Chef Maria a décidé qu'il fallait qu'on se lève tôt donc elle nous réveille à... 5h15 !! Dur, dur... Et là c'est spaghettis bolo avec du café et alors que le soleil n'est pas encore levé. Original !! Mais comme Maria le dit si bien, on a besoin d'énergie pour notre journée de marche.
Départ à 6h40 : comme d'hab les débuts sont un peu difficiles mais on prend rapidement le très bon rythme de Maria ! On ne traîne pas du tout et le rythme de Maria est soutenu.
Il y a 2 jours, on avait parlé, parlé, parlé tous les 2 pour passer le temps car le chemin est un peu monotone et qu’il faut regarder non stop ses pieds et vérifier où on marche et cela a un côté assez hypnotisant... Aujourd'hui, on fait des jeux (très bien le jeu du petit bac pour passer le temps : on connaît tous nos pays). Ainsi, on ne sent pas qu'on marche !! A un autre moment Maria se met à chanter (après l'hymne du Guatemala au petit-déj) puis nous devons taper des mains en rythme puis nous chantons des chansons en néerlandais et en français...
Pas de serpent aujourd'hui mais des oiseaux, des singes, et... des sortes de coatis qui nous font un show : on en entend un, on s'approche doucement pour le voir de près et là d'un coup une quinzaine de coatis sorte de nulle part et grimpe au même moment de 1-2 mètres sur des arbres (super synchronisation), nous regarde et redescende en 1 seconde... ils disparaissent aussitôt et on reste coi.
A ce très bon rythme on arrive à 12h30 à Tintal après 6h de marche !! On a scotché Maria, elle est trop fière de nous...et nous aussi !
Elle nous demande alors si on veut pousser jusqu'à La Florida pour nous avancer sur le chemin de demain : 3 heures de marche et 12 km. On est tous les 4 motivés pour repartir après un petit café. Et alors que Maria nous presse pour finir vite, vite notre café, on comprend que finalement les plans ont changé et que c'est mieux qu'on reste ici...
Il est 13h et on a donc tout l'aprem à tuer......sauf qu'on n'a ni pas de bouquin, pas de carnet... sieste, douche (avec un seau d'eau froide, cachés derrière une bâche pas très haute et entourés de forêt, avec des singes sur la canopée juste au-dessus de nous), discussion avec les autres touristes...et repas à 17h30 !! donc coucher à 19h.
JOUR 5
Comme d'habitude c'est notre super Maria qui nous réveille ce matin à 5h15 (bon en fait elle prépare le petit-déjeuner depuis 4h30 en parlant !!!). La nuit ne fut pas très bonne surtout pour Oriane. Il a fait assez froid et notre matelas n'était en fait pas un vrai matelas et on sentait bien le sol mais on se console au petit-déjeuner car Maria nous a préparé des pancakes. On est tous trop contents.
On devait partir à 6h00 mais comme d'habitude on ne part qu'à 6h45 le temps de tout ranger et de charger les mules. Direction La Florida. On a les jambes assez lourdes ce matin, peut-être le fait de savoir qu'on termine le trek aujourd'hui. Le chemin est bien sec (point positif) mais assez vallonné (point négatif).
Rien de spécial rencontré sur la route. On arrive au bout de 2h15 à La Florida. Petite pause gourmande au camp : Maria nous découpe un ananas. Ça nous permet de recharger les batteries. On repart assez vite car on doit être à 11h30 à Carmelita.
On visite tout d’abord La Florida. Ça se résume à une petite pyramide toute bien restaurée qui servait de prison. On peut même y rentrer mais rien d’exceptionnel à l’intérieur.
On repart alors direction Carmelita à une allure quasiment de course. Maria a peur qu’on arrive trop tard pour le déjeuner car on doit prendre ensuite le bus à 12h30. Ces derniers kilomètres nous paraissent très longs. Heureusement, le paysage change un peu. On sort de la jungle pour traverser des champs plus ou moins cultivés. Après 2h de marche on arrive enfin à Carmelita. Avant de rentrer dans le village, Maria nous arrête et nous demande de nous tenir tous la main. En fait elle fait une prière et remercie Jésus que rien ne nous soit arrivé. Assez surréaliste.
Maria nous précise qu’on va manger chez Brenda, là où on avait pris notre petit-déj le 1er jour et surtout qu’on pourra boire des bières fraiches. Nos yeux se mettent alors à pétiller.
Après un super bon déjeuner et une bière fraîche qu’on a appréciée comme jamais, on est prêt à prendre le bus… qui n’arrive finalement qu’à 13h. On a l’impression qu’il part un peu quand il veut.
Très rapidement on s’endort même si le bus bouge vraiment dans tous les sens tellement la route est mauvaise. Notre Chère Maria n’est toujours pas fatiguée et commence à discuter avec sa voisine. Incroyable, elle ne s’arrête jamais !! On croit alors que l’aventure se termine ici et qu’on a plus que 4h de bus tranquillement. Mais non !!!!
Au bout de quasiment 2h de trajet, on entend un bruit de crevaison. Tout le monde se regarde dans le bus, inquiet… Le chauffeur s’arrête, va vérifier et le verdict est sans appel… on a bien crevé !!! On est bien sûr au milieu de nulle part. Tout le monde descend. Quelques personnes vont aider le chauffeur et le petit gars qui fait payer dans le bus va changer la roue. Ça devient un vrai spectacle mais personne ne râle. Tout le monde attend tranquillement. Pendant ce temps-là, notre Maria de compétition nous dit « A mi me gusta caminar » (= moi, j’aime marcher), et part seule sur la route… On hallucine complètement, on se marre trop avec Rik et Lotte.
Au bout de 30 minutes environ, un autre bus arrive en face mais la route est trop étroite. Impossible de passer. Les passagers du bus descendent alors à leur tour et viennent participer au spectacle. Et devinez qui on voit descendre du bus : Maria. Le chauffeur l’avait récupérée sur la route car il considérait que la route était trop dangereuse mais elle ne comprenait pas pourquoi. Elle nous dit fièrement qu’elle avait marché 2km et elle le raconte à tout le monde.
Au bout d’1 heure environ, tout est réparé. On remonte et le périple continue. On arrive alors à Santa Elena vers 18h. La personne de l’agence nous attendait avec sa voiture pour nous ramener à notre hôtel. On traverse alors cette ville très animée le soir. Le contraste avec nos 5 jours au milieu de la jungle seuls est assez saisissant : ça nous fait tourner la tête !
La chambre qu’on avait réservée nous attendait bien à l’auberge Los Amigos. On reprend alors contact avec le monde et on apprend que l’Angleterre est éliminée de la coupe du monde de rugby. Parfait cadeau de retour !
Super soirée : douche au top, glace, burritos… et surtout un bon lit avec un vrai matelas !! On décide de rester une nuit de plus à Flores pour passer une journée tranquille demain sur l’île.